Stéphanie Geyer prend les rênes du département investissement et logistique du CHRU de Nancy

Le CHRU de Nancy est l’un des établissements hospitaliers les plus importants de France. Avec plus de 9 000 personnes employées, réparties sur plus d’une centaine de métiers, le centre hospitalier est le premier employeur de Lorraine. Il accueille en moyenne plus de 160 000 patients et enregistre chaque année plus d’un million de consultations et hospitalisations. Depuis 2010, le CHRU, qui compte plusieurs établissements dispersés dans l’agglomération nancéenne, connaît une profonde restructuration et une refonte de ses fondations organisationnelles et managériales pour une prise en charge des malades et des conditions de travail améliorées ; avec l’attente également d’un retour à l’équilibre financier. Le CHRU de Nancy est au demeurant l’établissement support du GHT Sud Lorraine qui compte onze établissements partis.

Directrice des achats et de la logistique depuis la fin d’année 2014, Stéphanie Geyer a pris au mois de mai dernier de nouvelles fonctions au sein du CHRU, devenant chef du département investissement et logistique. Une promotion qui lui procure ainsi une vue complète de la supply chain. Et pour cause, en plus des Achats qu’elle garde dans son escarcelle, elle devra avec ses équipes coordonner les fonctions logistiques et supports du CHRU et des établissements en direction commune. En revanche, la seule direction logistique, désormais rattachée à une nouvelle direction du développement durable, sera conduite à partir du 1^er septembre prochain par un nouveau collègue directeur.

Une couverture totale des achats

Stéphanie Geyer administre chaque année, avec son équipe achats, 350 millions d’euros de dépenses et revendique une couverture complète des familles d’achats connues du monde hospitalier. Pêle-mêle : divers produits de santé, des équipements médicaux et non médicaux, de l’alimentaire, des prestations techniques et de travaux, sans oublier les services généraux. « Nous centralisons la totalité des Achats et pouvons compter sur un niveau de maturité très satisfaisant. Tous nos achats sont pilotés par nous acheteurs et les directions chargées d’exécuter les marchés », explique-t-elle. « À l’inverse d’autres organisations hospitalières, les compétences et expertises sont concentrées au sein du CHRU, qui pèse pour 80 % des achats au total. Il était logique de les laisser au sein de cet établissement, bien plus grand que les autres. Pour nous assurer de la bonne tenue des process achats, nous comptons au moins un référent achats sur chacun de nos établissements. Ils ont aussi pour mission d’assurer le lien avec nous », précise-elle. 

Preuve sans doute de sa grande maturité en matière d’achats, le CHRU de Nancy porte la filière déchet ainsi que la filière hygiène et protection du corps d’UniHA. La filière achats durables et innovations, en cours de constitution, devrait être également coordonnée par Stéphanie Geyer. Celle-ci peut par ailleurs se targuer d’avoir fait du CHRU de Nancy le premier établissement hospitalier (et le seul à ce jour) détenteur du Label RFAR, obtenu en novembre 2022. Un accomplissement certain, qui offre un petit coup de projecteur au CHRU et qui récompense un travail de longue haleine. « La labellisation est un excellent fil rouge et un projet très structurant, qui permet de s’inscrire dans une démarche de progrès continu », commente Stéphanie Geyer. 

En tout et pour tout, Stéphanie Geyer a sous son rattachement, fonctionnel et hiérarchique, quelque 800 agents, sur une grande diversité de métiers et de fonctions. Les Achats donc, mais aussi la restauration, la blanchisserie, l’entretien des espaces verts, la sécurité-sûreté, les travaux, la logistique interne, la logistique hospitalière et sanitaire ou encore toute la partie approvisionnement lui sont directement ou indirectement reliés. Un périmètre d’action énormissime qui lui confère de fait de grandes responsabilités au sein du CHRU de Nancy, dont l’implication social et économique sur le territoire régional ne cesse de croître. « Ma première mission est de veiller au bon fonctionnement de l’hôpital et créer, d’une part, les meilleures conditions qui soient d’accueil des patients et, d’autre part, de travail pour le personnel soignant », explique-t-elle.

Un périmètre qui s’élargit 

Au regard des tensions qui pèsent sur le personnel soignant et des sujets liés à l’attractivité de leur profession, il est important de les aider à exercer leur métier dans les meilleures conditions qui soient

Venue au sein de l’établissement en 2014 pour créer et structurer la fonction achats, Stéphanie Geyer accorde une place de tout premier ordre à l’humain et s’attache à dénicher des leviers pour concourir à l’amélioration des conditions de travail du personnel soignant. Dans un contexte pour le moins tendu, cette dernière met effectivement un point d’honneur à contribuer au bon fonctionnement d’un service public que beaucoup décrient vivement. « Nous voulons améliorer la qualité du service rendu. Pour cela, il nous faut permettre aux soignants de se concentrer sur leur cœur de métier. Au regard des tensions qui pèsent sur le personnel soignant et des sujets liés à l’attractivité de leur profession, il est important que nous les aidions à exercer leur métier dans les meilleures conditions qui soient », décrit-elle.

En ce sens, Stéphanie Geyer martèle que le plus important est de « simplifier les processus achats » autant que faire se peut. La digitalisation est à ses yeux un excellent moyen pour y parvenir. « Nous sommes sur la bonne voie de ce point de vue, beaucoup de process sont d’ores et déjà totalement digitalisés ». Sur de nombreux points, le numérique arrose les achats du CHRU, en premier lieu sur la publication des marchés, le formulaire d’ouverture des plis, la notification et la signature électronique. Sur la partie facturation, le CHRU recourt depuis le 1^er janvier dernier à Chorus Pro. Il dispose également de plusieurs briques d’un SI achats, que Stéphanie Geyer aimerait compléter. « Nous voulons développer un outil d’e-procurement pour accompagner comme il se doit les services dans la passation et la gestion de leurs commandes. Notre objectif est de renforcer la partie ingénierie achats et la relation avec les différents établissements, pour que les documents que nous transmettons puissent circuler de façon fluide et sécurisée », développe-t-elle.

Cap sur l’innovation

En (presque) neuf ans, Stéphanie Geyer a donc grandement œuvré pour construire une direction des achats performante et mature, tournée vers la création de valeur. Mais beaucoup de choses sont encore à parfaire. Elle ne veut d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin et assure vouloir continuer à s’orienter (bien volontiers) vers une approche TCO, de manière à s’éloigner de la moins disance et s’inscrire dans une logique à acheter de la valeur plus que du prix. Partant de ce principe, Stéphanie Geyer compte notamment renforcer le pilotage de la relation fournisseurs et mettre en honneur la valeur générée par les Achats. « Nous sommes le premier acteur économique du territoire, le premier employeur de la région ; nous avons donc des obligations et des devoirs », assure-t-elle, avant de poursuivre : « nous devons faire attention aux intérêts de l’hôpital, du personnel, des patients. Cela ne peut être le cas que si nous sommes attentifs à la manière dont nous travaillons avec nos fournisseurs ». Autre objectif affiché : la captation de l’innovation. En tant qu’établissement public de santé, le CHRU de Nancy se pose comme un acteur majeur de la recherche médicale et paramédicale. Son objectif étant de développer des techniques de prises en charges novatrices, de réaliser des premières médicales et chirurgicales améliorant grandement la qualité et la sécurité des soins prodigués aux patients. Un impératif absolu, alors que l'Hôpital traverse une période difficile pour bien des raisons. 

Un plan de décarbonation a par ailleurs déjà été engagé par Stéphanie Geyer il y a quelques années. Il consistait notamment en le verdissement de la flotte et à repenser de nombreux flux et nombreuses livraisons pour les optimiser, les massifier et les rationaliser. La prochaine étape se pose sur la gestion des déchets, partie sur laquelle le CHRU a déjà commencé à travailler. « Nous avons bien progressé, mais nous pouvons aller encore plus loin. Nous travaillons de concert avec toute la communauté hospitalière, car c’est un sujet inscrit dans nos défis développement durable. Nos ambitions en matière de RSE sont fortes et très fédératrices au niveau de l’établissement. Le personnel est demandeur et répond bien à ce type de projet. Nous veillons à ne pas raisonner par le seul prisme économique, le but étant de faire mieux et différemment », explique-t-elle.