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Voyage d’affaires : un record historique en 2025 mais des signaux de prudence


Porté par un chiffre d’affaires de 30,9 milliards d’euros, le secteur du voyage d’affaires dépasse pour la première fois son niveau pré-Covid. Mais derrière ce record, le baromètre Epsa IFTM 2025 met en lumière quelques fragilités.

Voyage d’affaires : un record historique en 2025 mais des signaux de prudence
Voyage d’affaires : un record historique en 2025 mais des signaux de prudence

Le baromètre annuel du voyage d’affaires, publié par Epsa à l’occasion du salon IFTM Top Résa, sonne comme une confirmation : l’industrie a définitivement effacé la parenthèse du Covid. Avec 30,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires estimés en 2025, le secteur dépasse son précédent sommet atteint en 2019 (29,9 milliards d’euros). Une performance qui, malgré l’inflation et les incertitudes économiques, illustre la place stratégique du déplacement professionnel dans l’activité des entreprises. « Le voyage d’affaires a tourné la page de la pandémie », résume Christophe Roth, directeur associé chez EPSA. Mais le consultant tempère : « le marché atteint un sommet historique, mais la prudence s’impose ».

Contrecoup dans l’hôtellerie, une concentration sans précédent pour les agences de voyages

Le premier signal d’essoufflement a point dans l’hôtellerie. Après une année 2024 dopée par les Jeux olympiques notamment et d’autres grands rendez-vous, le secteur a enregistré un léger reflux. Les taux d’occupation reculent très légèrement et les prix moyens, après plusieurs années de hausse soutenue, commencent à se stabiliser. Les niveaux restent évidemment élevés, mais la dynamique semble s’atténuer.

Autre mouvement structurant : la consolidation du secteur des agences de voyages. Le rachat de CWT par Amex GBT a quelque peu restructuré le marché. Le nouvel acteur pèse désormais près du double de BCD Travel, son principal concurrent. Cette recomposition reflète à la fois les séquelles de la crise sanitaire et les mutations technologiques liées à la norme de distribution NDC.

Le rail accélère sa montée en puissance, l’aérien atteint des sommets

Du côté du ferroviaire, la tendance est résolument positive. La croissance est là et l’ouverture à la concurrence, qui modifie progressivement l’équilibre du marché français, pourrait bien donner encore de l’élan au rail. Trenitalia s’apprête ainsi à opérer dès 2026 un tiers des liaisons à grande vitesse entre Paris et Lyon. Pour les voyageurs d’affaires, cette diversification de l’offre devrait être synonyme de flexibilité accrue, un critère devenu central dans leurs choix de mobilité.

Du côté de l’aérien, le trafic mondial franchira un nouveau record en 2025. Mais les prévisions de l’IATA ont été légèrement revues à la baisse, signe d’un optimisme tempéré. En Europe, la carte des alliances est en train de se redessiner. Les regards se tournent en ce moment vers le rachat attendu de TAP Air Portugal par l’une des grandes compagnies du Vieux continent (Air France-KLM, Lufthansa ou IAG). L’enjeu est de taille : renforcer les connexions avec l’Amérique latine, un marché en pleine croissance.

Des perspectives contrastées pour 2026

Si l’année 2025 restera comme un millésime exceptionnel, Epsa table sur une année 2026 au moins aussi exceptionnelle, avec une progression qui s’annonce toutefois modeste (+2,2 %) portée par l’inflation. Celle-ci continuera de soutenir le chiffre d’affaires, à un moment où la demande devrait légèrement s’éroder. Aux incertitudes économiques s’ajoutent des défis géopolitiques, climatiques et réglementaires. Les entreprises devront composer avec ce nouvel environnement où performance, maîtrise des coûts et durabilité deviennent indissociables.

D’un côté, le secteur a retrouvé et même dépassé son niveau d’avant-crise, de l’autre, il doit déjà anticiper les prochains chocs : consolidation des acteurs, transition écologique, tensions internationales. Le voyage d’affaires, redevenu essentiel à l’activité économique, n’échappera pas à cette équation délicate entre expansion et vigilance.