Sia Habitat s’appuie sur la Charte RFAR pour professionnaliser sa fonction achats

Acteur de premier plan du logement social dans la région Hauts-de-France avec plus de 44 000 logements gérés, Sia Habitat a récemment signé - par le biais de la SAC Petram, la société de coordination des actions du groupe Habitat en Région en Hauts-de-France dont elle est membre - la Charte Relations Fournisseurs et Achats Responsables (RFAR). Née en 1921, Sia habitat a été fondée par la compagnie des mines de Vicoigne, Noeux et Drocourt dans le but de loger les mineurs du Nord. Elle intègre en 1967 les sociétés d’HLM de la région nord de Douai et du bassin houiller d’Anzin, et s’est depuis développée sous le nom de Sia Habitat dans toutes les agglomérations régionales. Elle a surtout été présente dans un premier temps dans l’ex-bassin minier et dans les arrondissements de Douai, Lens, Béthune et Valenciennes, avant d’étendre progressivement son activité à la métropole lilloise au début des années 1990.

Sia Habitat est une filiale du groupe Habitat en Région, opérateur d’immobilier social des Caisses d’Épargne et du groupe BPCE, lui-même signataire de la Charte et labellisé RFAR. Habitat en Région représente quelque 243 000 logements gérés pour 486 000 personnes logées et emploie 3 300 personnes. Sia habitat en compte 630. « Dans le cadre du nouveau plan stratégique d’Habitat en Région, toutes les filiales se sont engagées à signer la charte et à mener une réflexion pour concourir au Label RFAR à horizon 2027-2028 », nous a indiqué Floriane Allart, responsable des achats de Sia Habitat. Elle pilote une équipe de quatre acheteurs qui s’occupent essentiellement des procédures de passation. En dehors de Sia Habitat, la Société Immobilière Grand Hainaut et la SA HLM de l’Oise sont les deux autres signataires de la Charte.

Si Sia Habitat ainsi que les sociétés membres de Petram ont décidé de s’engager dans une démarche d’achats durables et responsables, c’est pour mieux lier leurs activités aux enjeux et aux finalités de développement durable. Soumis au code de la Commande Publique, Sia Habitat passe en moyenne 200 marchés chaque année. Le tout pèse entre 15 et 20 millions d’euros d’achats en moyenne également. Au regard de l’activité de l’entité, la famille travaux représente le gros du portefeuille achats de Sia Habitat. « Nos marchés emblématiques concernent le plus souvent la construction neuve ou encore des opérations de réhabilitation avec tous les services associés - maîtrise d’œuvre, contrôle technique, coordination de la sécurité des chantiers … », expose la patronne des achats de Sia Habitat. À cela s’ajoutent des marchés plus conventionnels qui portent sur des familles d’achats indirects : formation, fournitures de bureaux, IT …

Trouver un juste équilibre avec son écosystème fournisseurs

Plus de 80 % de nos fournisseurs et prestataires sont des entreprises du Nord. Il était important d’affirmer notre engagement pour des pratiques d’achats responsables, alignées avec la mission sociale de tout bailleur social.

Via ce cadre d’engagement, Sia Habitat entend impliquer ses fournisseurs dans une démarche vertueuse et commune en faveur de l’économie locale, l’insertion professionnelle sur la Métropole Européenne de Lille, le Bassin Minier et la Côte d’Opale. « Plus de 80 % de nos fournisseurs et prestataires sont des entreprises du Nord. Il était important d’affirmer notre engagement pour des pratiques d’achats responsables, alignées avec la mission sociale de notre condition de bailleur social. Nous sommes en quelque sorte un générateur de cohésion sociale sur notre territoire », précise Floriane Allart. Sia Habitat souhaite ainsi les accompagner pour qu’ils adhèrent aux engagements qu’elle a souscrits dans le cadre de ses futurs appels d’offres. À terme d’ailleurs, Sia Habitat vise à intégrer une clause RSE dans 100 % de ses marchés ; à ce jour près de 90 % de marchés notifiés en compte (déjà) au moins une.

Comme le réclame la Charte, elle prend en tout et pour tout dix engagements concrets pour assurer une relation de confiance avec l’ensemble de sa chaîne de valeur amont : respect des délais de paiement, alerte sur les situations de dépendance économique, protection des filières, responsabilité environnementale et territoriale, médiation et éthique du métier d’acheteur … « La première étape a été de faire un autodiagnostic de nos différentes pratiques d’achats, a retracé la responsable des achats. Si la charte n’est en soi pas contraignante, car elle n’implique pas d’audit et de contrôle contrairement à la démarche de labellisation, elle est toutefois très structurante, d’autant plus pour nous puisque la relation fournisseurs reste assez descendante et verticale du fait de notre position de maître d’ouvrage. Nous voulions avoir en somme une meilleure vision de nos achats ».

En signant la charte RFAR, Sia Habitat a ainsi souhaité affirmer sa volonté de rééquilibrer ses relations fournisseurs. Ce désir se traduit notamment dès 2025 par des délais de paiement qui seront tous ramenés à maximum 30 jours. À titre d’illustration, le Code des marchés publics fixe le délai maximum de paiement à 30 jours pour l’État ainsi que pour les collectivités territoriales et à 50 jours pour les établissements publics de santé, à compter de la réception des factures.

Donner aux achats un caractère attractif pour s’ancrer encore davantage dans son territoire

Le critère RSE pèse aujourd’hui 5 ou 10 % dans l’attribution de la note. Notre souhait est qu’il pèse 20 à 30 % de la note

Devenue société à mission depuis peu, Sia Habitat est en train de définir ses objectifs dans ce cadre. Au niveau achats, le poids de la RSE dans les futurs marchés de Sia Habitat sera (largement) revu à la hausse. « Le critère RSE pèse aujourd’hui 5 ou 10 % dans l’attribution de la note. Notre souhait est qu’il pèse 20 à 30 % de la note. Cet objectif est encore discuté dans le cadre de l’obtention du titre société à mission », a expliqué la responsable des achats. Outre l’aspect environnemental, le département achats veille à ce que la dimension sociale ne soit pas oubliée. « Nous intégrons de plus en plus des clauses d’insertion sociale dans nos marchés de travaux notamment. Nous essayons de le faire désormais dans nos marchés de service et les résultats sont plutôt encourageants.

En tant que bailleur social, Sia Habitat ne se limite pas à construire et à gérer des logements. Sa mission dépasse bien ce seul cadre : l’entreprise accompagne en effet ses habitants et tâche de transformer leur cadre de vie afin de favoriser le mieux vivre ensemble. Et elle essaie d’en faire de même avec ses fournisseurs. Sia Habitat a par exemple lancé plusieurs initiatives pour insérer certains de ses locataires les plus éloignés de l’emploi, favoriser des fournisseurs qui promeuvent l’apprentissage et l’accès à l’emploi des plus jeunes. Selon les chantiers initiés par l’entreprise, les heures d’insertion pèsent 5 à 7 % du montant des marchés passés. « Lorsque nous avons développé ce volet, nous pensions qu’il était intéressant de le prendre sous l’angle quantitatif. Mais nous sommes revenus sur ce choix. Intégrer des heures d’insertion pour le plaisir de le faire n’a pas d’intérêt. Nous avons donc opté pour une autre approche. Avec nos fournisseurs, nous travaillons avant tout sur la qualité de la mise en place et du pilotage desdites heures d’insertion », précise la patronne des achats.

En somme, pour Sia Habitat, chaque euro dépensé doit constituer un investissement, un moteur même pour les territoires du Nord, ceux de ses locataires et de ses fournisseurs. Le 18 novembre dernier, Sia Habitat a organisé le « RDV des Entreprises », à la Cité des Échanges de Marcq-en-Barœul. Un rendez-vous qui a réuni près de 200 professionnels des secteurs du BTP et des services pour de premiers échanges de sensibilisation sur les engagements sociaux, économiques et environnementaux initiés par Sia Habitat sur ses futurs appels d’offres. « C’est à cette occasion que nous avions communiqué à nos partenaires la signature de la charte, nos engagements et nos futurs projets pour leur donner de la visibilité », indique Floriane Allart, qui assure que l’événement est amené à s’inscrire dans le temps.

Resserrer la relation fournisseurs ainsi prouve que Sia Habitat appréhende le sujet avec exigence mais surtout bienveillance. L’entreprise ne s’inscrit pas dans une simple relation transactionnelle, mais bien dans des relations partenariales. Rien de plus normal finalement de vouloir fluidifier le dialogue entre structure, souvent, de même taille et de la même région. « Outre l’évaluation de nos fournisseurs, nous allons les inviter à nous faire leur retour sur la relation qu’ils entretiennent avec nous, sur le ou les marchés qu’ils opèrent pour voir ce qui peut être corrigé et amélioré de notre côté. La relation doit servir à toutes les parties et permettre de les faire grandir », soutient la patronne des achats.

Des gains de performance pour l’entreprise mais aussi et surtout pour la fonction achats elle-même

À travers la signature de la charte, nous prenons de forts engagements sur la fonction achats en tant que telle. La fonction doit se positionner comme un interlocuteur de premier plan, aussi bien pour les prescripteurs que pour les fournisseurs et prestataires

Si Sia Habitat s’est aussi inscrit dans le cadre de la Charte, c’est avant tout afin de professionnaliser sa fonction achats et de gagner en maturité. « À travers la signature de la charte, nous prenons de forts engagements sur la fonction achats en tant que telle. La fonction doit se positionner comme un interlocuteur de premier plan, aussi bien pour les prescripteurs que pour les fournisseurs et prestataires. Nous devons être pour eux une porte d’entrée », a expliqué Floriane Allart. Le service achats de Sia Habitat s’emploie et va continuer de s’employer pour mettre en place un processus de pilotage d’amélioration des relations fournisseurs fondées sur le respect et la transparence. « Cela demande du temps et de l’investissement vis-à-vis de nos partenaires. Mais c’est aussi pourquoi nous avons décidé de s’inscrire dans la charte », a-t-elle soutenu.

Aux yeux de Floriane Allart la Commande publique ne peut plus être perçue comme un simple instrument juridique. Et de fait, le pilotage économique de la Commande publique ne peut plus être niée et, plus globalement, la Commande publique ne peut suivre uniquement une logique financière ou juridique. « Le métier évolue grandement, il est normal de s’intéresser davantage à la dimension économique de l’acte d’achat et non pas à la seule dimension juridique », commente-t-elle. Elle entend ainsi déployer diverses stratégies pour cela et retravailler le positionnement de son équipe en interne. « L’objectif désormais est de rentrer dans le détail technique de nos achats et d’en assurer un pilotage plus fin. Cela commence sur la définition du besoin et le support que nous octroyons aux services opérationnels. C’est en réfléchissant au besoin, en le travaillant, en améliorant ce qui peut l’être et en questionnant les différents formats de marché qui se présentent à nous que nous pourrons mieux piloter nos achats », assure-t-elle.