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Meogroup rachète l’EIPM, intégré à son pôle RH

Par Guillaume Trecan | Le | Consultant

Après Cristal Décision l’an dernier, le groupe de conseil et de délégation des ressources achats Meogroup vient de racheter l’European Institute of Purchasing Management (EIPM). Le célèbre centre de formation et de recherche achats d’Archamps lui apporte une expertise reconnue en matière de formation achats, des outils et une notoriété indéniable.

Richard Caron et Bernard Gracia. - © D.R.
Richard Caron et Bernard Gracia. - © D.R.

Avec l’EIPM (European Institute of Purchasing Management), Meogroup acquiert une école prestigieuse au réseau de diplômés internationaux qui emploie 12 personnes et pèse 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Deux tiers de ces revenus sont liés aux activités de formation en entreprise et aux outils d’évaluation des compétences et un tiers à de la formation standard et à la recherche. « C’est une force supplémentaire au service du groupe et de son développement que d'être adossé à l’EIPM. Peu d’entreprises ont à ce point contribué à l’évolution de la fonction achats », se félicite Richard Caron, le président de Meogroup.

Nous voulons maintenant être capables de doubler de taille à nouveau dans les cinq ans à venir

C’est une nouvelle marche importante dans le plan de croissance de Meogroup, que Richard Caron comptait mener à 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025, cap qu’il est à peu près sûr d’avoir franchi dès 2023. En 2022, le groupe a enregistré 75 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une très belle croissance organique par rapport aux 48 millions d’euros de 2021, même en tenant compte des 5 millions d’euros de chiffre d’affaires que représentait Cristal Décision, racheté en décembre 2021. A elle seule, cette entité a d’ailleurs vu ses revenus croître de 35 %. « Nous voulons maintenant être capables de doubler de taille à nouveau dans les cinq ans à venir », se projette Richard Caron.

Acquérir des expertises et des marques fortes

« Notre stratégie de croissance externe est guidée d’une part par l’exigence de rester dans nos métiers des achats, du contrôle de gestion et du pilotage des transformations, d’autre part d’acquérir des expertises complémentaires au nôtres et enfin des marques fortes », explique le président de Meogroup. Sa stratégie de croissance s’exprime aussi géographiquement avec un maillage régional qui s’est étendu. Meogroup est désormais présent à Lille, Rennes, Nantes, Lyon, Aix-Marseille. Un bureau est en en cours de création à Grenoble. Hors de France, Meogroup est présent à Bruxelles, Milan et Madrid. Des bureaux ont été ouverts à Montréal et Luxembourg et deux créations sont en cours à Rome et Barcelone.

Meogroup va intégrer l’EIPM dans le pôle de ses activités ressources humaines, recrutement, chasse de tête et conseil RH qui compte déjà le cabinet Cadele et représente pour l’heure 10 % de ses revenus. Les deux autres pôles sont le conseil, avec Masai et Sowing qui pèse 20 % des revenus et un pôle délégation de ressources (achats et contrôle de gestion), le métier historique de Meotec, qui génère 70 % de ses revenus.

L’EIPM fait déjà grandir Meogroup. C’est pour nous un gisement d’expertise et d’outils

Au-delà de l’intégration de l’offre de formation de l’EIPM dans le pôle RH, son savoir-faire en matière de recherche et de diagnostic pourra beaucoup apporter à la branche conseil. La matrice de maturité construite par l’EIPM, qui sert à déterminer les lauréats du Peter Kraljic Award remis tous les ans par l’école d’Archamps, est en effet commercialisée en tant que telle, comme outil d’évaluation de la maturité achats, depuis l’an dernier.

« En conseil, avoir des outils est très important », note le patron de Meogroup, qui poursuit : « l’EIPM fait déjà grandir Meogroup. C’est pour nous un gisement d’expertise et d’outils à disposition des missions que nous menons chez nos clients et nous comptons bien utiliser les services de l’EIPM pour faire grandir nos équipes, leur faire franchir des paliers en termes de maturité. »

Nous avons su cultiver une proximité avec les gens qui ont travaillé avec nous et nous allons conserver cette qualité qui fait partie de notre ADN

Une cession « d’entrepreneur à entrepreneur »

Du côté de l’EIPM, Bernard Gracia se satisfait de savoir que toute son équipe reste dans l’aventure. « On a souvent parlé de la famille EIPM, ce n’est pas un vain mot, nous avons su cultiver une proximité avec les gens qui ont travaillé avec nous et nous allons conserver cette qualité qui fait partie de notre ADN. Je vais moi aussi rester, évidemment moins dans la production mais plus dans l’animation », avance le fondateur de la société. « Ce n’est pas la fin d’un cycle, sauf peut-être pour moi… à terme. C’est une suite logique d’entrepreneur à entrepreneur avec des idées nouvelles qui vont compléter ce qui a été fait », conclut-il.

Bernard Gracia a fondé l’EIPM avec une poignée de premiers grands clients, Renault, Philips, ou encore Hoechst. Quelques années plus tard a suivi le rachat de Cdaf Formation, cédée en 2022 au groupe Eduservices. L’EIPM s’est également développé vers la formation en entreprise, puis la recherche, avec notamment la création du Peter Kraljic Think Tank, du nom du célèbre économiste créateur d’une matrice de référence pour mesurer la maturité d’une organisation achats. L’EIPM a d’ailleurs développé ces dernières années, un outil d’évaluation de la maturité d’une organisation achats, complétant un outil d’évaluation des compétences.

Depuis son siège à proximité de la frontière suisse, l’EIPM a également réussi à développer un réseau unique s’étendant aussi bien sur l’Amérique latine, le monde arabe ou encore l’Asie. « Nous sommes partis à l’international en suivant nos clients. Les premiers furent Valeo et Alstom au Mexique, au Brésil et en Chine. Nous nous sommes ensuite développés avec des partenaires locaux », rappelle Bernard Gracia.

Une nécessaire adaptation de la formation à l’après Covid

Les deux dernières années n’ont pas été simples à gérer pour l’EIPM, l’après-Covid ayant sonné le glas des formations en présentiels les plus exigeantes tels que les MBA. L’EIPM a renoncé au sien, remplacé par un Exe Diploma qui forme une douzaine de personnes par an.

« Le MBA représentait 14 semaines sur 18 mois, nous sommes passés à une formation Exe-Diploma pour le même public international à cinq semaines pour nous adapter au changement culturel des cadres de haut niveau concernant les équilibres entre vie privée, vie professionnelle et formation », explique Bernard Gracia. Il avait heureusement déjà investi dans des modules d’e-learning. L’EIPM en propose 130. L’école d’Archamps propose également un programme certifiant qui forme deux promotions de dix à douze personnes par an.