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MB92 Group : une performance achats sur mesure pour les super yachts

Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha

Promu en janvier dernier directeur des achats de MB92 Group, entreprise spécialisée dans le refit, la réparation et la maintenance de yachts, Philippe Bernard prône une meilleure intégration des Achats dans les activités du groupe. Se trouvent également en bonne place dans sa feuille de route le déploiement de SAP et la poursuite d’un programme achats responsables.

A La Ciotat, le chantier naval MB92 est situé à l’entrée Est du Parc National des Calanques. - © D.R.
A La Ciotat, le chantier naval MB92 est situé à l’entrée Est du Parc National des Calanques. - © D.R.

Nommé il y a cinq ans directeur des achats de MB92 La Ciotat, Philippe Bernard a été promu à la tête des Achats du groupe MB92, spécialiste de la réhabilitation des superyachts en janvier dernier. Une première dans l’histoire de l’entreprise, qui ne comptait jusqu’ici pas de direction achats centralisée. Cumulant sa nouvelle fonction avec la précédente, Philippe Bernard reporte au CEO, Jean-Marc Bolinger et est à la tête d’une équipe centrale constituée de trois personnes. Il encadre également une dizaine de collaborateurs établis dans le magasin de La Ciotat, répartis sur des postes d’acheteurs et d’approvisionneurs. Le tout est appelé à s’étoffer, si tant est que Philippe Bernard parvienne à trouver son bonheur. « Nous recherchons activement des acheteurs et des approvisionneurs. Or, il est de plus en plus difficile de trouver le bon profil. C’est un véritable challenge », indique le directeur des achats.

Philippe Bernard, directeur achats groupe. - © D.R.
Philippe Bernard, directeur achats groupe. - © D.R.

Avec ses troupes, il administre environ 150 millions d’euros d’achats, consacrés principalement à des achats de produits, des prestations de location et de sous-traitance. À titre indicatif, MB92 La Ciotat s’appuie sur quelque 450 entreprises sous-traitantes pour différents travaux tels que la peinture, l’aménagement intérieur ou encore l’électronique embarquée dans les bateaux. Plus de 40 % de la part du chiffre d’affaires sous-traité en 2021 concerne d’ailleurs des entreprises de la Ciotat, le taux atteint même 60 % si l’on prend les entreprises de la région. Les capex et opex représentent avec cela une autre partie du portefeuille achats de la structure.

Un besoin de réactivité induit par l’activité du groupe 

Le groupe emploie près de 300 professionnels du yachting sur ses deux sites, à Barcelone et à La Ciotat donc. Détenue depuis 2017 par l’entreprise MB92 Group, MB92 La Ciotat a été créée en 1998 sous le nom de Compositeworks et son histoire s’inscrit dans la continuité des chantiers de la Normed, fermés en 1989. Chaque année, MB92 Group opère une centaine d’interventions, allant du simple entretien au refit complet de yachts de 24 à 180 mètres de long. Actuellement, pas moins de 46 yachts sont stationnés sur les deux chantiers navals du groupe.

Nous n’avons pas de série, chaque projet réclame des prestations différentes, différents types de travaux et donc différents achats

L’activité de l’entreprise se caractérise essentiellement par sa saisonnalité, avec des pics en mars, avril et mai ainsi qu’en octobre, novembre et décembre. Et pour cause, les bateaux, qui naviguent en mer Méditerranée durant l’été et dans les Caraïbes en hiver, doivent être opérationnels en temps et en heure. Un paramètre qui oblige les Achats à faire preuve d’une forte réactivité, d’autant que les clients du groupe ne sont pas des plus anticipateurs. « C’est une des spécificités de notre activité. Nous n’avons pas de série, chaque projet réclame des prestations différentes, différents types de travaux et donc différents achats », explique Philippe Bernard. 

À cela s’ajoutent les exigences et désirs de la clientèle fortunée du groupe, mais aussi un marché somme toute exigu. « Une grosse partie des prestataires sont les mêmes d’un site à l’autre. Le marché se concentre essentiellement en Europe et nous encaissons des situations de monosource sur certaines catégories d’achats. Seules quelques entreprises interviennent sur certaines prestations. Par ailleurs, il arrive également que nos clients finaux exigent que nous travaillions avec des fournisseurs de leur choix », développe Philippe Bernard. Des caractéristiques qui ne favorisent pas vraiment un processus de mise en concurrence et qui obligent les Achats à faire jouer d’autres leviers, notamment ceux de la négociation et de l’amélioration des conditions contractuelles déjà en place.

Structuration, contractualisation et digitalisation 

D’où l’intérêt de structurer une organisation achats groupe fait savoir Philippe Bernard. Une démarche qui relève d’ailleurs d’un souhait du top management. « Avoir une organisation de ce type permet indéniablement d’obtenir des conditions contractuelles plus intéressantes. Notre fonctionnement interne a aussi gagné en structure, notamment dans la manière dont nous contractualisons avec nos fournisseurs », assure-t-il.

En parallèle, la direction des achats parachève l’implémentation de SAP sur le site de La Ciotat. Déjà déployé à Barcelone, l’outil offre d’ores et déjà des gains de productivité notables, bien que sa mise en œuvre ait réclamée une revue profonde des process et méthodes de travail des Achats et des autres départements du groupe. « Son déploiement réclame un temps d’adaptation. SAP est un support intéressant, nous permettant d’aligner nos process et méthodes de travail. Malgré la résistance au changement, nous observons déjà des gains de productivité à Barcelone, où la suite est complètement déployée », se satisfait Philippe Bernard. 

Nous menons beaucoup d’autres démarches en matière de digitalisation. Cela concerne plus particulièrement le sujet de la communication ; en interne d’une part avec nos chefs de projet et en externe d’autre part avec nos fournisseurs

La digitalisation ne s’arrête pas à l’implémentation du seul logiciel de gestion de dépenses. En effet, la direction achats groupe s’est également munie de Wrike, une solution de gestion de projet polyvalente, afin d’améliorer et fluidifier les échanges avec les directions métiers, les fournisseurs et sous-traitants du groupe. « Nous menons beaucoup d’autres démarches en matière de digitalisation. Cela concerne plus particulièrement le sujet de la communication ; en interne d’une part avec nos chefs de projet et en externe d’autre part avec nos fournisseurs », expose le directeur des achats du groupe MB92.

Des ambitions environnementales marquées

MB92 a conscience du caractère sensible de ses chantiers navals, dont le site de la Ciotat est situé à l’entrée Est du Parc National des Calanques. Le groupe se veut entreprise « citoyenne » et s’est fixé des objectifs ambitieux pour faire de ses chantiers des modèles du genre. Pour ce faire, le groupe tend vers le zéro rejet, initiant bon nombre d’actions pour préserver l’environnement et les paysages d’exception de ses deux sites.

Dans le même sens, MB92 Group développe des procédures pour réduire les émissions de composés organiques volatiles (COV), ainsi que de gaz à combustion de ses opérations et son empreinte carbone. L’entreprise entend également minimiser les déchets non valorisables sur ses chantiers, poussant par la même occasion ses prestataires à employer des matériaux recyclés. Des actions dans lesquelles sont embarquées les Achats en long et en large, proposant des solutions durables aux clients du groupe, tout en s’assurant dans le même temps de leur bonne application par les entreprises sous-traitantes.

« Nous sommes force de proposition envers nos clients, notamment pour ce qui est de certaines opérations de travaux qui permettent de réduire notre incidence sur l’environnement », soutient Philippe Bernard. « Beaucoup de choses peuvent encore être faites en matière d’achats, notamment sur la propulsion des bateaux et également sur la façon dont est appliquée la peinture », poursuit-il en conclusion.